Les convoyeurs bénévoles : des maillons essentiels de la chaîne de guérison
écrit le 21.10.2024Dans les lueurs du jour naissant, avant que le reste du monde ne s’éveille, les premiers convoyeurs bénévoles de La Maison de Terre des hommes Valais se mettent en route. Leur mission : accompagner les enfants malades vers les hôpitaux pour des traitements essentiels ou conduire un enfant guéri à l’aéroport pour le retour au pays. Découvrez le témoignage de ces femmes et de ces hommes, dont le dévouement et la bienveillance remarquables contribuent si significativement à offrir espoir et guérison.
« J’ai réalisé que je suis comblé de bonheur lorsque j’accompagne à l’aéroport un enfant guéri, qui rentre chez lui avec le sourire. »
Guy Lugon-Moulin, convoyeur bénévole depuis 2 ans
Le convoyage, un travail de cœur
Les convoyeurs jouent un rôle crucial dans le bon fonctionnement de La Maison. Ce sont des maillons indispensables de la chaîne de solidarité qui permet la guérison des enfants.
Chaque jour, ils assurent les trajets entre La Maison, les institutions de santé et l’aéroport de Genève. « Quelque 200 bénévoles se relaient. En 2023, 152’000 km ont été parcourus pour 848 transports, soit 16 à 17 transports par semaine. C’est presque la moitié de la vie d’un véhicule conventionnel. C’est incroyable ! Nous sommes très reconnaissants envers toutes les personnes qui donnent de leur temps et effectuent ces transports à leurs propres frais. Leur contribution change concrètement la vie d’un enfant », s’enthousiasme Zihret Hasanovic, responsable du Secteur Coordination et Suivi des transferts d’enfants.
« Pour les convoyeurs, il y a une immense satisfaction personnelle et un sentiment d’accomplissement à aider de cette manière. Ils donnent beaucoup et reçoivent souvent énormément en retour de la part des enfants », complète-t-il.

« Je n’ai aucun regret d’avoir osé dire ‘oui’ »
À la veille de recevoir sa rente AVS et de quitter sa vie professionnelle, Guy Lugon-Moulin se rend à La Maison pour proposer ses services comme homme à tout faire. « Après avoir travaillé 48 ans dans la construction, secteur bois, je me sentais à l’aise pour offrir mes compétences dans l’entretien des bâtiments », explique-t-il. Mais le destin avait d’autres plans.
Lors de cette visite, Doris Mottiez l’accueille gentiment et lui propose d’effectuer des convoyages. « Après hésitation, j’ai accepté d’accompagner quelques fois des convoyeurs expérimentés », raconte-t-il. Ce choix va changer sa vie.
À travers ces voyages, il découvre une humanité qui le touche beaucoup. « La résilience de ces enfants, gravement atteints dans leur santé et ne pouvant recevoir chez eux les soins appropriés – alors qu’ils peuvent être guéris –, m’a beaucoup interpelé », confie-t-il. « Souffrants, ayant quitté leurs parents, leur culture, leur cadre vie, ils nous offrent leur sourire le plus ravissant. Y a-t-il plus beau cadeau ? »
Voilà donc maintenant deux ans que Guy partage cette aventure. « J’ai réalisé un peu plus de 60 magnifiques convoyages, même si parfois le réveil peut être bien matinal, à 4h », complète-t-il. « Exceptionnellement, les retours sont tardifs, à 23h, lorsqu’il faut ramener l’enfant à La Maison à la suite d’un vol annulé. »
Ces trajets, principalement à Genève, il les effectue en voiture pour se rendre aux HUG, et en train pour un départ à l’aéroport. « Grâce à ces voyages, j’ai découvert, dans les hôpitaux, des personnes accueillantes, bienveillantes et très à l’écoute du malade », ajoute-t-il. « Mais j’ai surtout réalisé que je suis comblé de bonheur lorsque j’accompagne à l’aéroport un enfant guéri, qui rentre chez lui avec le sourire. »
Guy insiste sur la liberté dont il dispose pour accepter ou non les convoyages proposés. « Un grand respect existe entre La Maison et les bénévoles, avec de l’échange et de l’écoute. Je n’ai aucun regret d’avoir osé dire ‘oui’. »
Il tient à remercier toutes les personnes rencontrées, pour l’humanité qu’elles dégagent. « Cette chaîne d’amitié nous fait découvrir que la vie vaut la peine d’être vécue. » Pour conclure, il se réfère au philosophe Jean D’Ormesson, en citant un passage qui lui est cher : « Le bonheur n’est pas un but, encore moins une carrière ou une obligation, mais un don gratuit, une surprise ou la récompense de ceux qui ne passent pas leur temps à le cultiver. Le bonheur n’est pas un exercice narcissique et solitaire. Il tombe, comme par hasard, sur la tête et dans le cœur de ceux qui, loin de s’occuper d’eux-mêmes, s’occupent plutôt d’autre chose – et des autres. »


« Je me sens comme un maillon d’une chaîne de solidarité »
Gilberte Abbet découvre les convoyages pour La Maison à travers sa cousine. « Même si cela m’intéressait, j’avais de la peine à me décider, car j’étais encore bien occupée avec mes enfants, le jardin et le ménage. J’ai toujours rêvé d’aider les autres, de partir dans un pays défavorisé, vivre une nouvelle expérience », explique- t-elle. Elle s’investit comme visiteuse de prison et comme hospitalière à Notre-Dame de Lourdes, avec toujours en suspens les convoyages pour La Maison.
« En 2005, l’aîné de nos enfants est parti rejoindre les étoiles après un accident. Cela a été très dur pour moi et je me suis dit que c’était le moment de m’engager pour La Maison afin de ne pas perdre pied. » Elle saute donc le pas, ce qui lui apporte un grand réconfort. Gilberte confie s’être tout de suite sentie bien accueillie et très à l’aise : « Tout le monde est si gentil ! La Maison est une grande famille et je me sens comme un maillon d’une chaîne de solidarité. Les enfants m’apportent beaucoup de bonheur. »
« Au fil du temps, je me rends compte que nous nous plaignons souvent pour peu de choses. » Les enfants de La Maison, qui se battent pour leur survie, sont donc une leçon de vie selon elle.
Elle est parfaitement consciente que la contribution des convoyeurs bénévoles est très importante pour diminuer les frais de La Maison. Ainsi, elle souhaite dire « Lancez-vous ! » à toutes celles et ceux qui voudraient s’engager. Elle rajoute : « Vous n’aurez aucun regret. Vous découvrirez toute la gentillesse et la bienveillance du personnel. Et les enfants sont de vrais rayons de soleil qui n’attendent que de pouvoir croquer la vie à pleines dents. C’est une aide précieuse et concrète que nous leur offrons ! »
« Les enfants sont de vrais rayons de soleil qui n’attendent que de pouvoir croquer la vie à pleines dents. »
Gilberte Abbet, convoyeuse bénévole depuis 14 ans


Dans les coulisses des convoyages
Le « voyage vers la vie » des enfants séjournant à La Maison nécessite une chaîne d’humanité et de compétences très complexe. Terre des hommes Valais est l’un de ces maillons indispensables, relié à d’autres maillons tout aussi indispensables et engagés. Les convoyeurs interviennent par des transports divers et variés : pour conduire les enfants à l’hôpital ou les ramener, pour les amener à des consultations auprès de partenaires médicaux, ou encore pour les conduire à l’aéroport.

La collaboration avec les hôpitaux et l’aéroport
La Maison a une excellente collaboration avec les hôpitaux universitaires de Genève et Lausanne, l’Hôpital de l’enfance de Lausanne, l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin, l’Hôpital Riviera-Chablais, ainsi qu’avec les cliniques Bois-Cerf et Cecil du Groupe Hirslanden, qui connaissent parfaitement le fonctionnement de l’institution. « Nos partenaires sont conscients de nos contraintes et nous contactent en amont pour que l’on puisse trouver une ou un bénévole disponible pour le convoyage », explique Zihret, le responsable de la coordination et du suivi des transferts d’enfants de La Maison. « Ils s’adaptent avec beaucoup de souplesse pour l’organisation des transports. Par exemple, si un enfant peut sortir à 13h et qu’un convoyeur est disponible seulement à 16h, l’enfant peut rester hospitalisé quelques heures de plus. »
« Pour nous simplifier l’organisation, les partenaires médicaux programment généralement les hospitalisations et consultations à des horaires qui facilitent le transport. Par exemple, une consultation à 10h à Genève ou dans l’après-midi évite que l’enfant ne doive se lever trop tôt et que le bénévole se retrouve une bonne partie du trajet dans les bouchons. »
La collaboration avec l’aéroport de Genève est elle aussi excellente. Lorsqu’un enfant atterrit en Suisse, il est accompagné par le Service d’assistance depuis l’avion jusqu’à l’infirmerie de l’aéroport pour un premier contrôle médical. Les collaborateurs du Secteur Coordination de La Maison le conduisent ensuite à l’hôpital où il passe une première nuit en observation. Les convoyeurs bénévoles interviennent à partir du jour suivant pour amener l’enfant à La Maison à Massongex, puis à son opération ou à des contrôles médicaux, et enfin à l’aéroport pour son retour chez lui, généralement deux mois après son arrivée.
La planification des transports : les aspects logistiques et organisationnels
Tous les transports connus sont planifiés le vendredi pour la semaine suivante. Le besoin d’un convoyage est déclenché par une convocation pour une hospitalisation ou un rendez-vous médical, ou encore par l’arrivée ou le départ d’un enfant.
« Nous contactons les convoyeurs par téléphone, en tenant compte de leur domicile par rapport au lieu de prise en charge de l’enfant, de leurs disponibilités ou de leurs préférences. Par exemple, certaines personnes aiment mieux faire des convoyages très tôt le matin pour éviter la circulation », explique Doris Mottiez, du secrétariat de La Maison. « Notre système de gestion des convoyages nous permet de tenir compte de ces paramètres pour appeler les personnes appropriées. Au téléphone, on confirme l’heure du rendez-vous sur place – à l’hôpital ou à l’aéroport – et on convient de l’heure de départ pour la convoyeuse ou le convoyeur. Quand c’est possible, on combine plusieurs transports, notamment lorsqu’un enfant sort de l’hôpital le jour où un autre enfant est hospitalisé. »
Lors du transport à proprement parler, les convoyeurs bénévoles reçoivent un récapitulatif des informations importantes dont l’adresse exacte du rendez-vous, les documents utiles comme la convocation médicale ou le passeport de l’enfant, ainsi qu’un siège auto adapté à l’âge de l’enfant. « Nous faisons de notre mieux pour rendre les transports simples et agréables, mais des changements d’heure de rendez-vous ou d’autres imprévus peuvent arriver. Dans ces cas, nous pouvons généralement compter sur la compréhension et la flexibilité des bénévoles. Par exemple, un enfant peut ne pas être prêt à l’heure prévue pour sa sortie d’hôpital, ou une sortie supplémentaire peut être demandée à la dernière minute. Si la convoyeuse ou le convoyeur est d’accord, il peut prendre en charge le deuxième enfant, ce qui permet de rentabiliser le déplacement et d’éviter de solliciter un autre convoyeur bénévole », conclut Zihret, le responsable de la coordination et du suivi des transferts d’enfants.

Nous adressons nos sincères remerciements au club montheysan pour son soutien indéfectible. En effet, chaque mercredi depuis bientôt 50 ans, un membre effectue bénévolement un convoyage pour La Maison.
Notre reconnaissance envers les convoyeurs bénévoles est sans borne. Nous leur adressons notre plus profonde gratitude. Leur contribution à la guérison des enfants accueillis à La Maison est essentielle.
Intéressé·e à faire du convoyage ?
Vous pouvez nous contacter au 024 471 26 84.